« Je ne sais pas gérer mes émotions »- « J’ai des problèmes avec mes émotions »…
Observer…
Voilà des phrases que j’entends souvent. Mais est-ce que ce sont vraiment les émotions qui sont un problème ?
« Ex movere », racine latine du mot « émotion » signifie « mettre en mouvement ». Voilà une expérience intense et complexe qui ne devrait n’être que de passage, mais qui pose souvent bien des tracas…
Gérer ses émotions n’a rien à voir avec le contrôle, ni le refoulement d’émotions qui seraient, soit disant, négatives (quand d’autres seraient soit disant positives) ou ne seraient socialement pas acceptables.
Nous avons, en effet, l’habitude d’éviter, de refouler tout ce qui n’est pas en rapport avec l’image que nous nous efforçons de donner de nous-mêmes. Seulement, c’est sans compter avec la force et la dynamique de ce qui se vit en nous et qui, tôt ou tard, sous une forme ou une autre finira par se manifester quoiqu’il en soit.
Mais qu’est-ce qu’une émotion ?
C’est une énergie qui se crée et se met en mouvement en nous, en fonction de différentes causes et conditions. Son intensité, sa force et son importance sont en rapport avec qui nous sommes. Certaines émotions nous sont agréables et d’autres plus ou moins inconfortables, mais toutes sont une expression, un signal.
L’émotion est une expression. Mais l’expression de quoi ? de qui ?
Apprendre à les observer…
Elle peut être celle de la Vie en moi, cette Intelligence de vie en moi qui a fait d’1 cellule unique, à l’origine de ma création, le formidable Être Humain que je suis devenu. Elle peut être celle de ma personnalité, ces conditionnements, ces croyances que j’ai sur moi et sur le monde, hérités de mon enfance…
Je m’explique :
- J’ai peur, ma Vie est en danger, une voiture fonce à vive allure sur moi. Il faut que je me protège. La peur me met alors en état d’alerte pour mieux réagir et prendre soin de moi.
Mais il est possible également que :
- J’ai peur, c’est mon imaginaire qui m’embarque cette fois dans le futur en projetant, sur la base de ce qu’il connait ou de ses habitudes de fonctionnement, un scénario que j’envisage très négatif. Mais, ai-je réellement les moyens, au présent, d’affirmer que sera bien celui-là, à 100%, tel que je le dessine, qui se manifestera…? Ici, c’est ma personnalité qui génère la peur. Quelqu’un de plus optimiste pourrait voir tout autrement…
Qui n’a jamais été emporté par une colère ? Mais qui était en colère … ?
- Je suis en colère parce que je ne me sens pas respecté/e. Et là, c’est ma part gardienne, en lien avec la Vie en moi, qui s’exprime et m’offre les ressources, l’énergie nécessaires pour oser m’affirmer, préserver la considération que j’ai pour moi.
- Mais je peux aussi être en colère parce que les choses ne tournent pas comme je veux, quand je veux, de la manière qui me plait…
Et là apparaît ma personnalité qui, par ignorance, ne veut pas se soumettre à l’évidence qu’elle ne contrôle pas le monde autour d’elle…
Existe-t-il une expérience plus désirable que celle de la joie ? Je peux être joyeux/se, rempli/e de joie…
- Et là ce peut être la Vie, la puissance de vie qui s’exprime en moi. Une joie plénifiante, remplissante,… qui émerge, en lien avec ce qui est, avec justesse.
- Mais la joie peut être aussi le fruit de ma personnalité qui se réjouit de façon pervertie… Comme celle d’une personne malade qui se réjouit du malheur d’autrui. Ou de cette autre qui s’exalte et s’excite (ce qui signifie d’ailleurs, étymologiquement parlant, être porté/e hors de son centre, décentré/e… !!) après la consommation d’alcool ou un saut à l’élastique…
Ainsi, même ce que nous appelons une émotion agréable, selon qu’elle est l’expression de la Vie ou d’une personnalité blessée, n’est pas forcément aussi constructive qu’il y parait…
Alors quoi faire avec nos émotions ?
… observer mieux.
Bien sûr, lorsque l’on se pose cette question, c’est surtout pour mieux se débarrasser de ce que nous vivons comme désagréable…
Pourtant, toutes nos émotions sont positives dans le sens où elles sont porteuses du message de ce qui se vit en nous.
Ainsi, apprendre d’abord à les accueillir pour mieux entendre ce message et qui parle, afin de pouvoir gérer avec plus de justesse ce qui se vit en nous, me parait un préalable.
Gérer une émotion, ce n’est donc pas étouffer, maîtriser une émotion, ni chercher à la transformer. Ceci étant, à priori, le meilleur moyen de voir le package nous revenir beaucoup plus fort, un peu plus tard. J’aime à dire que : « ce à quoi on résiste, persiste ! »
C’est d’abord appendre à accueillir…
Accueillir, sans se juger, pour mieux entendre…
Car il semble finalement que ce ne soit pas l’émotion qui soit un problème. Elle s’apparente plutôt à un « signal », un signal que quelque chose en nous a besoin d’être entendu.
Et finalement, refouler une émotion, ne revient-il pas à ne pas s’accueillir tel/le que l’on est véritablement? N’est-ce ne pas se reconnaître, ne pas s’entendre, ne pas se respecter, (et ne pas s’éduquer)… ? Autant de bienfaits que l’on attend bien souvent de l’autre à l’extérieur, et que l’on s’accorde si peu à soi-même…
Est-ce à dire qu’il s’agit de se laisser emporter, par l’une ou l’autre, avec les conséquences parfois dévastatrices que l’on connait sur soi, sur nos relations,… ? Là n’est pas du tout mon propos de ce jour. Je pourrai revenir, une autre fois, sur la façon adéquate d’exprimer, de gérer ensuite, ce qui se vit et se joue en nous.
En soi, l’émotion n’est donc pas un problème. Elle est faite pour passer, une fois son message délivré, une fois que nous avons recueilli ce message pour le prendre en charge, comme nous le ferions avec notre meilleur/e ami/e…
Il s’agit dobserver , en premier lieu, qui s’exprime derrière elle et écouter ce que cette part de nous a à dire.
Seulement si nous ne voulons pas entendre, prendre en charge, alors elle viendra, reviendra, aura le goût de jouer en boucle, ressassant sa litanie tant que nous ne serons pas intervenu(e)s pour gérer, pour, y compris, aller au bout du bout… Car si je prends le temps, je pourrais peut-être voir :
- derrière ma colère cette part de personnalité blessée qui manque de confiance, se sent en insécurité et a besoin de contrôler pour se sécuriser par exemple …
- ou peut être que derrière cette excitation se cache cette part de moi qui souffre sous le sérieusement correct, ou le poids des responsabilités, et crie son besoin de légèreté…
Et alors, on se rend compte qu’au final, c’est toujours la Vie qui nous parle; encore faut-il prendre le temps d’aller écouter le fond… Et lorsque je prends soin de moi, l’émotion : le messager, peut poursuivre sa route.
Toute émotion a besoin d’être exprimée puis prise en compte, pour ne pas rester engrammée dans notre corps, au niveau des fascias comme cela a maintenant été découvert (*).
Pleurer si la tristesse monte, poser ce qui a besoin de l’être si la colère gronde (sans forcément tout lâcher 😉 ), rire si la joie éclate (même au bureau ! on n’en est pas moins compétent), aimer si la chaleur nous baigne le cœur… envers et contre toute éducation ou idée d’un regard extérieur critique… Nous n’en aurons que faire le jour de notre grand départ.
Ainsi s’agit-il, quand l’émotion arrive de la laisser vivre pour mieux l’écouter. Elle circulera aussi vite, après avoir été délivrée, que nous le voyons faire chez les petits enfants.
* Selon les dernières découvertes, la mémoire de nos expériences laisse une trace dans nos tissus et tisse une enveloppe sensorielle.
Les facias sont omniprésents dans notre organisme où ils assurent de multiples fonctions. Il s’agit de membranes conjonctives qui enveloppent nos muscles, nos tendons, nos organes, nos os… Les fascias sont en inter-relation étroite. Ils vont de la surface à la profondeur du corps, et crée un véritable réseau. Au fil de la vie, les tensions physiques ainsi que les différentes émotions vécues se logent dans les fascias et figent des moments de vie dans nos fibres.
Voilà pour commencer à explorer le sujet: https://www.dailymotion.com/video/x6h8agj
Observer: l’observateur
Entendre ce qui se dit en nous nécessite, on le comprend bien, présence et conscience à l’instant; puis assez de bienveillance pour accepter de voir ce qui se vit, en toute authenticité. La clarté est nécessaire, une clarté sans jugement, pour ne pas se leurrer sur soi.
Car tout nous traverse.
Peu importe que ce soit de la jalousie aujourd’hui, ce mélange de peur, d’impuissance, de sentiment d’infériorité… Ce n’est pas grave. On peut l’accueillir. C’est notre personnalité blessée qui se dévoile ainsi… perdue dans son manque de confiance… Le plus important n’est-il pas ce que je fais de ce qui est monté et se présente à moi : Est-ce que je laisse cette émotion s’installer ? Est-ce que je la nourris et agis en suivant ses prérogatives ? Ou, est-ce que je choisis plutôt d’entendre le fond, de venir soigner ce manque de confiance, puis vivre en cohérence avec les valeurs de paix et d’amour que j’ai décidé de porter au long de ma vie ?
Juger, à la base, nous coupe de l’opportunité de voir, et donc d’agir ensuite avec justesse et en conscience.
Le stress, ce sentiment d’angoisse, de peur, mêlés à cette idée que je n’y arriverai pas, que je ne suis pas à la hauteur, que je ne suis pas capable ou que je ne peux rien y faire… Plutôt que de céder à cette pression, plutôt que de laisser mon mental remettre le disque encore et encore (ce n’est pas vraiment mon DJ favori ! 😉 ) – tandis que la tension monte, paralysant peu à peu tout mon corps et ma lucidité, permettant que la machine s’emballe… – faisons un pas de côté et posons nous cette simple question :
« est-ce vrai ? … vrai à 100% ? ce que je suis en train de me dire est-il vrai à 100% ? »
Et même si je rate ou n’y arrive pas, quelles seront les conséquences concrètes ? Serais-je vraiment incapable de vivre ces conséquences ? Est-ce vraiment là le pire du pire qui puisse m’arriver ? Et finalement, n’y a-t-il pas un échappatoire, une option que je n’ai pas encore vue ?
Qu’est-ce que j’ai à soigner en moi, derrière tout cela ?…
Je peux aussi m’apercevoir que le stress peut aussi, parfois, être l’expression directe de la Vie en nous : lorsque notre but est un peu trop ambitieux, par exemple. Il m’alerte que je m’en demande trop et que je dois réviser ma stratégie.
J’espère avoir pu vous montrer que les émotions ne sont jamais le problème.
Je les considère quant à moi, comme mon tableau de bord. Elles sont mes clignotants, mes guides pour m’aimer toujours plus en prenant toujours mieux soin de moi, jour après jour…
Le « problème » n’est-il pas plutôt en lien avec notre mental, ou plus exactement la place que nous lui offrons, et ces idées que nous avons sur nous et le monde, que nous tenons toujours pour vraies, sans jamais les remettre en cause… Ce merveilleux outil, avec ses merveilleuses capacités, qui nous embarque dans des idées pas toujours justes, et qui pilote notre vie sans que nous en tenions les rênes avec clairvoyance…
Apprendre à gérer ses émotions, c’est d’abord apprendre à chevaucher notre mental
Il s’agit enfin d’apprendre à prendre du recul, pour mieux voir, prendre conscience de ce qui se passe, se vit, se dit et se joue réellement en nous (souvent à notre insu quand nous vivons en mode « pilotage automatique », sans présence), sans forcément croire tout ce que nous nous racontons.
« ce que je me dis, est-il juste ? est-ce vraiment vrai à 100 % ? est-ce que j’en suis sûr/e à 100% ? »
Apprendre à séparer le bon grain de l’ivraie disait la parabole du Nouveau Testament…
Ainsi les émotions peuvent elles être :
- l’expression de la Vie en nous, alors pourquoi les étouffer ? étouffer, contrôler la vie quand on veut vivre semble très paradoxal, non ?
- ou l’expression première de ma personnalité blessée qui a peut-être une leçon à apprendre, pour mieux grandir ? et quoiqu’il en soit, toujours poussée par la Vie, elle aussi, pour se soigner …
Au final, j’espère avoir pu contribuer à vous faire prendre conscience qu’une émotion est toujours une expression de la Vie en nous, un signal que nous pouvons accueillir et écouter pour mieux prendre soin de nous au quotidien. Car, quoiqu’il en soit, elle continuera à faire ce qu’il faut pour être entendue. Et c’est là que l’on commence à avoir mal…
Habituez-vous à les observer avec attention…
La sophrologie caycédienne nous rapproche de notre corps, de notre respiration, et, nous permet, par sa pratique, d’apprendre à rester présent, centré sur ce qui se vit en nous, de plus en plus. Elle nous montre comment prendre du recul, pour mieux nous appréhender dans notre réalité, sans jugement.
Bien sur, tout se joue rapidement en nous. Mais la présence corporelle favorise l’observation, l’ouverture de conscience. Et avec le temps, l’entrainement, avant même que l’émotion ne s’invite définitivement, nous avons pu établir, avec clarté et discernement, ce qui se joue pour mieux nous prendre en charge.
Je vous remercie d’avance, si vous trouvez cet article intéressant ou utile, de bien vouloir le partager à ceux à qui cela pourrait rendre service – et éventuellement de me laisser un petit commentaire ci-dessous