Changer…?
« Je pensais savoir comment les chenilles se métamorphosent en papillon. J’imaginais qu’elles tissent des cocons, puis se nichent à l’intérieur et laissent pousser six longues pattes, quatre ailes, etc. Je pensais que si je regardais à l’intérieur d’un cocon, je trouverais une chenille ressemblant à un papillon, ou un papillon ressemblant à une chenille, en fonction de l’étape de son développement.
J’avais tort…
En fait, la première chose que font les chenilles dans leur cocon est de muer pour révéler une chrysalide molle et caoutchouteuse. Si on observait l’intérieur du cocon dès le début, on ne trouverait rien d’autre qu’une masse visqueuse.
Mais dans cette masse se trouvent certaines cellules, appelées cellules imago, qui contiennent les instructions codées par l’ADN pour transformer cette bouillie d’insecte en cette créature délicate et ailée qu’est l’ange de la chenille morte ».
- Martha Beck
Imaginez, l’espace d’un instant, que vous soyez une chenille …
Vous menez votre vie, sans vous poser de questions, follement occupée à grignoter des feuilles. Vous ne savez plus vraiment pourquoi vous êtes si obsédée par ce désir de consommer toujours plus… Et, ensuite, vous mourrez… vous vous dissolvez !
Pourqoi changer…?
Lorsque j’étais enfant, je me demandais souvent comment était la vie des autres, leur quotidien, leur façon de penser… La nuit, lorsque nous rentrions d’une visite dominicale chez ma grand-mère, j’observais les ombres qui se découpaient aux fenêtres. Et je m’interrogeais… Comment vivent-ils ? Que pensent-ils ? Quelle est l’atmosphère de leur vie ?…
Non pas par curiosité malsaine mais par intérêt, parce que chaque fois je réalisais que si j’étais née dans une autre famille, ma vie aurait été différente. Meilleure ou pire ? Tout dépendait alors de mon ressenti du moment ;)… besoin de changer.
Et aujourd’hui, je me demande si, pour cette chenille, c’est un choc de voir sa vie, telle qu’elle la connaissait, changer ainsi du jour au lendemain ?
Peut-être pas finalement car la nature semble moins résister au changement que nous. Mais qui sait ?… Est-elle consciente de son changement d’état ? Ou en tant que papillon d’avoir été chenille ?…
Qui n’a pas déjà ressenti, au contact d’un animal, l’existence d’une forme d’intelligence sensible ?… Aujourd’hui il est démontré que l’animal est doté d’une sensibilité, et même d’une intelligence comparable par bien des aspects à celle de l’Homme.
Un test a été mis au point, à la fin des années 70, par le docteur Gordon Gallup. Il s’agissait de peindre sur un animal une tache, sur son corps quand il était endormi, puis de le placer, à son réveil, face à un miroir. Si l’animal cherchait à enlever cette tache sur lui-même ou sur son reflet, alors c’est qu’il devait bien avoir une certaine perception de lui-même.
Ainsi les chimpanzés, les dauphins, les gorilles, les orangs-outans et les éléphants sont-ils capables, comme l’Homme à partir de 18 mois, de se reconnaître dans un miroir !
Changer pour s’adapter…
De nos jours on constate que les arbres perçoivent la gravité, le vent et leur position, qu’ils peuvent corriger. Ils possèdent une forme « d’intelligence » qui fascinent aujourd’hui les scientifiques. Les plantes et les arbres ont-ils une conscience ?…
Lorsque je plonge mon regard dans celui de mes chats, je peux me rendre compte combien nous pouvons nous comprendre au-delà de ce que nombre d’entre nous peuvent penser de leur niveau de conscience…
Et n’avons nous pas, nous-même, pour la plupart, oublié ce que nous vivions en tant que fœtus ?…
Je me suis souvent surprise, en tant qu’humaine, à m’accrocher aux branches pour résister au courant de ma vie. Sans doute parce que c’est le premier geste que j’ai appris : craindre le changement, où va-t-il me conduire ?… pourquoi donc changer?
Mais bien vite la résistance, lorsque je lui cède, entraîne ses chocs, ses fatigues, son épuisement.
J’ai fini par comprendre, même si j’oublie encore, lorsque je me perds, que le courant de la Vie (je n’ai pas dit celui de la société !) sait où il va, même si moi je ne le vois pas. Et que je peux lui faire confiance. Enfin, que plus je me glisse en son cœur, plus j’avance aisément et sans heurts.
Apprendre à lâcher et me laisser conduire où il veut. Parfois, ballottée contre les rochers qui le jalonnent et meurtrie lorsque je cherche à m’accrocher encore, à retenir…, il faut apprendre à se laisser flotter avec justesse et cesser de nager à contre-courant.
Je me rends compte qu’il est important de cesser de vouloir tout contrôler dans notre vie. Nous voulons souvent tout rationaliser, tout planifier, pilotés par nos peurs et nos manques de confiance. Mais nous voyons bien qu’un « coronavirus » passant par-là bouscule tous les plans, au-delà de l’envisageable. Ou qu’un « tsunami » détruit tous nos rêves…
Il ne s’agit sans doute pas de cesser d’organiser non plus, mais de laisser la porte ouverte au mouvement, à l’imprévu, à la Vie, en l’acceptant avec confiance !
Encore une fois : responsabilité, discernement, équilibre sont de mise.
Tout doit changer…
Nous avons un long chemin à parcourir dans nos vies futures. Et la mort, beaucoup l’oublie, sera un seuil à franchir !
Face à elle, deux possibilités : la craindre, ce qui nous entraîne dans un oubli, de surface, et la difficulté de bien vivre notre vie – ou l’intégrer comme un fait incontournable.
Paradoxalement, l’accepter c’est déjà nous offrir plus de goût et de saveur dans nos vies. Savoir, sans s’obnubiler et lutter mais sans ignorer, contribue à donner plus de relief à chaque instant. Et nous permet de cesser de nous perdre dans les peccadilles du quotidien.
Parfois, quand je regarde autour de moi et que j’observe tous ces états amorphes ou focalisés sur des petits riens, j’en finis presque même par me dire qu’ « heureusement, elle est là », pour secouer un peu tout le monde !…
Le temps ne nous appartient pas, il est précieux et s’impose à nous. Nous ne pouvons pas y échapper. Mais pourquoi se contenter d’une version monolithe sur ce à quoi il débouche ?
L’Univers est Tout. Tout, mais pas immobile. Il bouge, s’expanse sans cesse, se transforme. Des étoiles, des galaxies même, apparaissent. On dirait qu’elles naissent… Elles durent des milliards d’années puis disparaissent ou redeviennent invisibles, dans ce grand champ énergétique qui constitue le Tout… Mais qu’en est-il effectivement ?
La mort, le temps, notre niveau de Conscience nous mettent dans des « états de limite » que nous projetons ensuite sur l’extérieur.
Mais si tout est énergie, comme le disent les physiciens de notre millénaire et que « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » selon l’interprétation des propos de Lavoisier sur la conservation des masses lors du changement d’état de la matière… Alors que sait-on réellement de ce qui nous attend, si ce n’est que c’est une nouvelle porte vers un changement ?…
Le changement est, à chaque instant.
C’est une réalité. C’est même la seule donnée immuable que nous ayons aujourd’hui, si nous osons bien regarder en face.
Encore une fois, nous pouvons choisir de l’intégrer ou de le refouler, mais c’est alors indubitablement une voie de souffrance qui s’offre à nous. Car c’est une vraie illusion de croire que demain sera pareil à aujourd’hui.
Cette compréhension intellectuelle est souvent loin de suffire, c’est son assimilation dans l’être dont nous avons besoin. La Sophrologie offre, au travers sa méthode structurée, l’opportunité de nous confronter à cette réalité, en conscience, et de chercher notre sécurité au-delà d’un extérieur toujours changeant.
En attendant, profitons pleinement de chaque instant offert en lâchant nos têtes, merveilleux outils dont on ne se sert, bien souvent, que très mal. Et lâchons nos peurs inutiles du lendemain qui nous détournent de la Vie et gâchent notre belle énergie.
La peur est certes une émotion fondatrice, un système d’alarme précieux et légitime, mais que seule la vie doit tirer pour nous protéger vraiment. Parce qu’il s’avère bien contre-productif de l’actionner contre l’émergence d’un… changement ! 😉