Nos besoins…
Nous sommes souvent plus habiles à nous occuper des autres, à porter notre attention sur eux, à répondre à leurs besoins, à regarder à l’extérieur… plutôt que prendre soin de nous-même.
Erreur fatale, car c’est plutôt en apprenant choyer la Vie en nous avec justesse que nous pouvons rencontrer le bonheur.
Enfants nous avons appris à nous couper de nous en utilisant à notre insu la relation. Très tôt, nous avons été éduqué/es à répondre aux injonctions parentales avant ou plutôt qu’à nos élans profonds.
C’est à ce point que nous avons été conduits à ne plus être à l’écoute de nous, à ne plus nous respecter, à nous montrer « raisonnable ».
Or cet éloignement de nous à nous-même est devenu si important avec le temps qu’il a engendré souffrances et violences au quotidien, en nous puis autour de nous.
Mais sommes-nous disposés à nous remettre profondément en question pour changer cela ? Sommes-nous ouverts à nous donner les moyens de restaurer une relation vraie, profonde et soutenante avec nous-même ?
La réponse peut sembler évidente…
Mais force est de constater au travers ma propre expérience, et celles de nombreuses personnes qui sont venues me voir, que ce n’est pas si simple.
Combien chacun se comportent le plus souvent comme leur pire ennemi/e, en toute inconscience bien sûr, rasséréné/es par la banalité qui nous entoure et en se cramponnant mordicus au connu.
Pas toujours si facile de lâcher des comportements profondément ancrés, assimilés. Certains l’exprimeront en démontrant l’importance de nos autoroutes neuronales, d’autres par nos « addictions » hormonales… Mais le fait est qu’une sincère et profonde motivation est nécessaire au décollage !
Par notre éducation, nous nous sommes enseignés à nous couper, à lâcher notre responsabilité vis-à-vis de nous-même, notre responsabilité de :
- nous accueillir et nous apprécier tel/le que nous sommes,
- mais aussi nous reconnaitre dans nos efforts, notre bonne volonté, nos talents,
- nous éduquer là où nous avons encore à évoluer,
- ou encore écouter avec attention, écouter nos besoins profonds,
- prendre en charge ces besoins après les avoir entendus…
Et pour contrebalancer, nous avons projeté cela à l’extérieur, en demandant à l’autre de nous accorder ce que nous ne savions pas ou plus nous apporter : de l’estime, de l’amour, de l’écoute, de la reconnaissance, …
Mais comment le pourraient-ils puisqu’eux aussi se croient seuls et incompris ? …
Revenir à Soi, revenir à l’écoute de Soi, à la découverte de Soi, à la reliance profonde dans l’intimité de Soi … voilà, l’appel auquel nous sommes tous convié/es.
C’est là que nous renouerons avec le bonheur et la joie !
Il s’agit d’une véritable plongée au cœur de nous pour retrouver plus de douceur et de contentement d’être nous.
Car, contrairement à ce qui nous a été maladroitement transmis, nous sommes bien les mieux placé/es pour avantageusement nous entendre, nous comprendre, nous soutenir, nous éduquer…
Bien sûr, encore une fois, si tout cela est facile à comprendre, passer du savoir au connaitre demeure plus ardu, car passer de la posture de l’homme couché à l’homme debout demande un peu d’effort.
Mais c’est possible ! tout à fait et parfaitement possible.
En ce sens la Sophrologie, bien comprise, se révèle un chemin vers Soi pour sortir des méandres de la confusion et de l’incompréhension.
Si nous nous branchons sur l’autre et l’extérieur, en nous ignorant donc, nous ignorons nos propres besoins et nous nous faisons violence.
En reprenant notre responsabilité vis-à-vis de ce qu’il y a de plus vivant en nous, nous pouvons commencer par réaliser que nous avons des besoins plutôt que nous plaindre du fait que personne ne s’en occupe.
Nous pouvons les écouter, les prioriser, les prendre en charge par nous-même.
Mais peut-être est-il nécessaire que j’explicite quelque peu le mot « besoin », car il ne s’agit pas ici de répondre à une pulsion passagère et superficielle, ou à un quelconque désir capricieux, mais à ces nécessités essentielles pour notre maintien en vie (respirer, dormir, manger…) et notre équilibre (le respect, l’amour, l’attention, la sécurité, la compréhension, l’épanouissement…)
Je propose donc de commencer par nous retourner vers nous, en commençant par nous observer, pour faire le diagnostic de départ et nul besoin de s’appeler « Columbo » pour ça 😉:
- pour mieux réaliser comment nous nous comportons avec nous-même au quotidien :
Dès le matin, dans la salle de bain : quelle sale tête ! mes cheveux sont horribles… je n’arrive pas à me maquiller, quelle nulle ! je suis toujours en retard… bouge ton cul ma vieille !…. je me sens triste ? c’est rien, ça va passer…je n’ai pas envie d’y aller, quel fainéant !…
- et être plus conscients de ce que nous nous faisons vivre et nous infligeons au long d’une journée.
Cette violence, cette agressivité sont infiniment plus répandues et plus dangereuses que celles que nous pointons du doigt dans la rue !
Parce qu’elles sont tapies dans l’ombre et communément admises.
Il est donc important de commencer à voir, sans juger, pour mettre un peu de clarté et commencer à nous offrir un autre relationnel à nous-même.
Nombreux sont ceux qui se sentent seuls, qu’ils soient célibataires ou pas, qui souffrent de pertes de repères, de manque de sens en cette période… Nombreux sont ceux qui se sentent incompris, transparents ou impuissants…
Mais quelle relation consciente entretiennent-ils avec ce qu’il y a de plus vrai et intime au cœur d’eux-mêmes ? Et comment y répondent-ils ?
Nous avons appris à nous couper pour être en relation avec l’autre, mais avons rompu le lien avec nous, avec le vivant en nous.
Mais si nous apprenons mieux qui nous sommes grâce à la présence des autres, à nos interactions avec eux, il ne s’agit pas pour autant de nous perdre pour leur plaire, répondre à toutes leurs injonctions ou leurs attentes supposées…
Car c’est là que commence le « vide », le « vertige », la dépendance…
Nous n’avons pas appris à décrire précisément ce que nous sentons, nous ressentons, nous pensons, ni quels sont nos besoins.
En grandissant, nous nous sommes coupés de tout cela pour répondre à nos éducateurs (parents, enseignants, frères et sœurs, …) inconséquents mais ignorants… On leur avait appris la même chose.
Alors, la peur, plutôt que l’amour de nous, est devenue notre guide. Et nous nous sommes mis, finalement, à l’écoute des demandes de tous : patron, client, conjoint, ami, voisin…
Et nous nous retrouvons perdus et mal dans notre peau.
Pour certains, c’est même devenu si douloureux qu’il leur est bien difficile de s’asseoir seul/e 10 minutes dans un canapé sans avoir un écran à allumer ou un livre à regarder, pour mieux se fuir.
Or pour nous sentir confiants et heureux nous avons, avant tout, besoin de nous sentir solidement ancrés en nous-même, de sentir que nous sommes alignés sur nos besoins profonds, nos sentiments, et que nous sommes capables d’y répondre.
Avons-nous assez de clarté et d’authenticité pour pouvoir exprimer librement ce que nous ressentons vraiment ?
Savons-nous nous décoder ? Sinon, comment nous dire à l’autre ?
Est-il évident pour nous que, plus nous prenons soin de notre intériorité, avec discernement, respect et responsabilité, plus nous serons à même d’établir des relations fructueuses car vraies, avec les autres.
Rien de nombriliste dans tout cela, bien au contraire.
Seule notre éducation nous a appris que « il est mal de s’écouter »…
Encore une fois, il ne s’agit pas d’écouter n’importe quelle part de nous. Mais que croyez-vous qu’il advienne, au fil du temps, de nos colères non exprimées, de nos tristesses non consolées, de nos insécurités non rassurées, de nos frustrations non accueillies, de toutes nos joies avortées… ?… Sinon, des monceaux de culpabilités, de condamnations, de jugements, d’angoisses, … cachés sous un faux sourire… et qui finissent par nous blesser tellement fort que le corps s’en mêle pour les hurler.
Nos émotions, nos besoins fondamentaux ne sont pas des problèmes.
Correctement accueillis et identifiés, ils nous renseignent sur nous-même. Ils nous servent de balises pour nous montrer le chemin. Ils nous désignent les enjeux de notre vie intérieure.
Mais au lieu d’en prendre soin, nous nous déchargeons de notre responsabilité et accusons les autres : c’est lui qui ne me reconnait pas ! c’est elle qui ne m’écoute jamais !
Autant de « punching-balls » qui nous servent à défocaliser notre attention de ce que nous ne nous accordons pas à nous-même.
Combien de temps prenons nous chaque jour pour écouter nos besoins ? pour être disponibles à nous-même et nous ressourcer ? Que faisons-nous pour nous satisfaire dans ce qu’il y a de vraiment important et précieux pour nous ?
L’une des pires souffrances est de ne pas savoir, d’être dans le flou… Je vais tellement mal et je ne sais pas pourquoi… trop de dossiers en instance…
Identifier la cause de notre mal-être, notre besoin insatisfait, nous sort déjà de la confusion.
Que nous le réalisions ou non, que nous l’acceptions ou non, chacun de nous gagne, par le fait même de naitre, son droit à la dignité d’Être Humain. C’est un fait, à la naissance nous sommes égaux et dignes d’exister, sinon nous ne serions pas. Et peu importe le regard de tel ou tel, ou celui de la société, ce sont des points de vue, non une réalité.
Mais chacun reçoit également la responsabilité de cultiver son jardin intérieur.
Peu d’entre-nous ont bénéficié de l’exemple idéal. C’est ainsi, nous vivons dans un monde encore bien archaïque.
Mais nous pouvons apprendre et changer, plutôt que continuer à avoir mal.
Et pour cela, je vous invite 3 minutes, 3 fois par jour, à venir vous poser pour faire l’expérience de votre monde intérieur.
Je vous propose donc de vous asseoir confortablement et de fermer les yeux, pour mieux ressentir.
Prendre un temps de pause pour vous mettre en lien avec vous-même et vos sensations corporelles. Sentir votre assise sur la chaise, le contact des pieds sur le sol. Puis vous mettre en relation avec le mouvement de votre respiration… et « habiter » progressivement tout votre espace intérieur, tout l’espace qu’occupe votre corps depuis le sommet du crâne jusqu’à la pointe des orteils.
Et puis lorsque vous vous sentirez suffisamment calme et paisible, je vous invite à vous mettre en lien avec votre expérience actuelle, avec votre vie telle qu’elle est à l’instant. Tranquillement, observez les circonstances, telles qu’elles sont pour vous en ce moment.
Et face à ces évènements familiaux, relationnels, professionnels,… en observant votre vie, venez porter votre attention sur ce qui émerge, en vous demandant « Comment est-ce que je me sens, là, maintenant avec ça ? ».
Sans rien fuir, mais sans attiser l’émotion non plus. Peut-être pouvez-vous sentir quelque chose de tendu ou frustré… ou de carrément triste ou en colère… et reconnaitre ce qui n’est pas comme vous voudriez. Observez ce que vous semblez subir…
Prenez un moment, juste pour rester avec et observer cela.
Depuis vous, vous faites l’expérience de votre monde, de « Comment ça se sent à l’intérieur de moi ? ».
Et puis peut-être pouvez vous maintenant observer que, derrière ce qui ne vous correspond pas, ce qui ne correspond pas à ce que vous souhaitez, il y a la conscience véritable de ce que vous voulez vraiment, de vos aspirations…
Alors laissez monter, laissez émerger maintenant plutôt ce que vous aimeriez profondément, laissez la vie vous montrer ce qu’il serait possible… Prenez le temps de ressentir comment vous aimeriez vous sentir… Comment vous aimeriez que vos relations, votre travail se déroulent… Peut-être sentez vous monter d’autres façons d’être au monde, plus douces, plus harmonieuses… Sentez tout ce à quoi vous aspirez et que vous savez possible…
Observez qu’il y a bien sûr les circonstances extérieures, mais que celles-ci viennent avant tout révéler votre monde intérieur…
Ces évènements viennent peut-être réveiller certaines blessures, certaines peurs ou tensions… Mais peut-être pouvez-vous sentir aussi, qu’au-delà de ça, il y a vraiment une autre expérience possible.
Alors quel serait peut-être le premier pas possible, même tout petit, sans vouloir tout tout de suite, que vous pourriez entreprendre pour prendre en charge ce/ces besoins de fonds qui a/ont émergés ?…