Drogués…?
C’est fou, à partir du moment où l’on prononce ce mot « drogue », automatiquement, la plupart d’entre-nous a en tête l’herbe, la cocaïne, l’acide…
En fait, de façon formelle, on appelle « drogue » toute substance psychotrope ou psychoactive qui perturbe le fonctionnement du système nerveux central (sensations, perceptions, humeurs, sentiments, motricité) ou qui modifie les états de conscience.
Une drogue est un produit susceptible d’entraîner une dépendance physique et/ou psychique.
Il est de notoriété publique aujourd’hui que l’alcool peut être une drogue, tout comme la cigarette et certains médicaments…
Ainsi, officiellement, parmi les drogues on distingue :
– celles qui semblent apaiser, les dépresseurs tels que l’alcool, les tranquillisants (médicaments), le cannabis ou les opiacés;
– celles qui stimulent telles que la cocaïne, l’ecstasy ou les amphétamines;
– et celles qui provoquent des hallucinations telles que le LSD ou les champignons hallucinogènes.
Les drogues alimentaires
Toutes les drogues ne sont donc pas illicites, mais il est temps d’ouvrir encore notre champ de vision.
De plus en plus on accuse le sucre d’être une véritable drogue !
En effet, il y a quelques décennies, l’industrie agro-alimentaire a découvert qu’en ajoutant du sucre à ses produits, ceux-ci deviennent beaucoup plus savoureux. Du coup, de nos jours, on en trouve presque partout… y compris dans de nombreux aliments salés ! Par exemple, l’industrie de la charcuterie utilise le sucre pour la saumure du jambon. Les produits riches en sucre raffiné sont devenus surabondants, on en aurait repéré, selon une étude, dans plus de 74% des plats industriels.
Or le sucre possède un potentiel addictif très fort. En effet le goût sucré est l’une des rares modalités sensorielles à générer du plaisir dès la naissance.
Pour certains chercheurs, comme Serge Ahmed directeur de recherche au CNRS de Bordeaux, le sucre est une drogue. Une fois ingurgité, il atteint le cerveau et active le « système de la récompense », c’est-à-dire les neurones dopaminergiques situés dans le mésencéphale, comme le font les stupéfiants.
Etudiant la neurobiologie de l’addiction aux drogues, il a mis en lumière le fait que le sucre avait sur des rats de laboratoire un pouvoir d’attraction plus fort que la cocaïne !
Plus simplement on peut reconnaître, parmi les critères de diagnostic, notre désir impérieux, quasi irrépressible de consommer cette substance, ou bien notre désir et/ou nos efforts persistants pour mettre un terme à sa consommation ou la limiter…, ou encore le fait que nous en consommions plus que voulu…
Lorsque l’on prend des drogues comme la cocaïne ou les amphétamines, notre taux de dopamine bondit aussitôt et demeure élevé. Or, si on combine le sucre et les matières grasses, on observe que notre taux de dopamine demeure considérable ici aussi. Et si, en plus, on rend la nourriture encore plus multi-sensorielle, comme une glace par exemple où l’on cumule : crème, sucre et froid, alors notre taux de dopamine augmente encore.
Bonbons, chips, cacahuètes ou gâteaux au chocolat… certains aliments nous rendent complètement accro !
Une étude du Dr David Ludwig démontre que certains de ces aliments que l’on consomme régulièrement peuvent être aussi addictifs que les effets de certaines drogues.
Les méfaits particuliers du sucre sur nos émotions et notre cerveau
Bien sûr, nous savons que le sucre est mauvais pour notre ligne, notre cœur, notre santé. C’est bien connu. Mais ce que l’on ignore plus souvent, ce sont ses effets négatifs sur le cerveau. Plusieurs études soulignent qu’une surconsommation de sucre altère aussi bien nos fonctions cognitives, que notre bien-être psychologique.
Lorsque nous consommons du sucre en excès, notre pancréas s’affole et fournit alors beaucoup d’insuline, trop… Celle-ci a pour fonction de réguler le taux de sucre dans notre sang. Du coup, notre sang se trouve en carence de sucre, et nous nous retrouvons en état d’hypoglycémie. Notre taux de sucre dans le sang tombe si bas, que l’on est alors pris d’une sensation d’anxiété, de colère, de fatigue, voire même de faiblesse intense, accompagnée d’une envie impérative de… sucre.
Et l’on est ainsi piégé dans un cycle infernal de l’addiction !
Notre corps tente donc de remonter ce taux de sucre en stimulant nos glandes surrénales qui vont produire des hormones spécifiques : d’une part l’adrénaline, d’autre part l’épinéphrine et la noradrénaline. Ces hormones mettent notre cerveau en état d’hyperactivité, il produit alors du glutamate, un neurotransmetteur excitateur. Et il en résulte une grande nervosité !
Peut-être certains de ces symptômes vous sont-ils familiers : irritabilité, changements d’humeur, fatigue, confusion… sans qu’il n’y ait pour autant de raison apparente à leur venue.
Ils sont souvent liés aux variations brutales du taux de sucre dans le sang. Quand on mange une chocolatine, de la charcuterie ou que l’on boit un soda, ce taux augmente brusquement, avant de chuter tout aussi vite, entraînant mauvaise humeur ou déprime, selon notre consommation.
Selon le Dr Kharrazian, expert en médecine fonctionnelle et auteur du livre : « Pourquoi mon cerveau ne fonctionne-t-il pas ? », ceci expliquerait même l’apparition de symptômes dépressifs !
Pourtant, diront certains, les aliments riches en glucides stimulent aussi la production de sérotonine, ce neurotransmetteur qui améliore le moral ? Oui, mais elle est produite en quantité trop limitée et ne peut alors répondre à une sur-activation permanente…
En 2012, une étude menée sur des rats dans une université de Los Angeles a conclu qu’un régime riche en fructose ralentissait littéralement le cerveau, avec pour conséquences la perturbation des facultés d’acquisition et de mémorisation. Les synapses des rats qui en avaient trop consommé étaient abîmées, et la communication entre les cellules du cerveau s’en trouvait altérée !
Une surconsommation de sucre se traduit donc par une détérioration des fonctions cognitives, à cause de l’insuline.
Enfin, de plus en plus d’études laissent entendre qu’une alimentation trop sucrée serait un facteur propice à l’apparition de la maladie Alzheimer. Des recherches datant de 2013 auraient montré que la résistance à l’insuline et l’hyperglycémie augmentent le risque de développer des maladies neurodégénératives, type Alzheimer. Certains scientifiques vont même jusqu’à surnommer Alzheimer : le « diabète de type 3 » !
La résistance à l’insuline touche donc notre cerveau en détériorant la performance de notre mémoire, de notre concentration et des processus de notre pensée. enfin, le sucre nuit gravement à notre volition.
Une autre facette de nos dépendances…
Mais aujourd’hui, c’est encore une autre facette de nos dépendances à la « chimie intérieure » que j’aimerais vous faire explorer, moins connue encore et plus insidieuse… et qui vous permettra de toucher du doigt pourquoi il est parfois si difficile de changer (mais pas impossible, bien sûr ! ;)).
Chaque jour, dès notre réveil, nous pensons et projetons notre attention sur des tas de réalités extérieures : notre travail, notre portable, le petit-déjeuner, nos enfants, notre conjoint, nos douleurs, le temps qu’il fait, …
Or, chacun d’entre eux (personne, objet, situation… ) correspond, dans notre cerveau, à un réseau, un circuit neurologique précis et une composante émotionnelle afférente, en relation avec notre vécu.
En effet, face à chaque information qui lui est transmise, notre cerveau réagit pour que nous agissions en conséquence. Il opère donc ses « réglages » et active la sécrétion de diverses hormones, grâce à nos glandes endocrines (la thyroïde, les surrénales, l’hypophyse, le thymus…) ou des neurotransmetteurs.
Les glandes endocrines contrôlent les fonctions de notre organisme par l’intermédiaire de substances chimiques, appelées hormones, qui sont libérées dans la circulation générale de notre corps. Ces hormones jouent le rôle de « messagers chimiques » qui se déplacent dans tout notre corps grâce à la circulation sanguine.
Quant aux neurotransmetteurs, il s’agit de molécules chimiques qui assurent la transmission des messages d’un neurone à un autre, au niveau des synapses.
Enfin bref, sans trop nous assommer de détails, comprenons que c’est une vraie explosion chimique qui s’opère en nous, à chaque pensée !
Ainsi, jour après jour, lorsque nous songeons d’une certaine façon à notre patron, à nos enfants ou à la douche que nous allons prendre, cela crée une réaction neurologique et hormonale qui se répète à chaque pensée.
Nos circuits neuronaux associés à l’expérience passée, se renforcent d’autant plus que celle-ci se poursuit dans le temps, et ils nous conduisent à la mise en place d’automatismes.
Avec la répétition incessante (et voilà pourquoi en Sophrologie la répétition est un pilier de la méthode !), des autoroutes neuronales se développent engendrant la production des substances chimiques et réactions physiologiques qui leurs sont attachées.
Comme le dit le Dalaï Lama : « Sème un acte, tu récolteras une habitude, sème une habitude et tu récolteras un caractère ; sème un caractère, tu récolteras une destinée… ».
C’est pourquoi, en alimentant jour après jour les mêmes pensées, nous alimentons le même type d’existence, basée soit sur la chimie de :
- la peur, la colère, la frustration, la rancœur, l’angoisse, la tristesse…
- ou la confiance, la paix, la joie…
Voyez, en toute simplicité mais authenticité, ce qui est majoritaire chez vous ! 😉
Jour après jour, rappelez-vous, nous développons entre 60 et 90 000 pensées dont 75 à 80% sont les mêmes que la veille, l’avant-veille, l’avant avant-veille… Bref, nous ressassons notre passé, libérant à chaque fois les hormones associées. Ainsi, le stress chronique nous offre-t-il son shoot quotidien d’adrénaline et de cortisol…
Notre cerveau ne fait que libérer le cocktail chimique adéquat pour répondre à l’information donnée !
Et je rappelle également (cf mon article précédent) que celui-ci ne fait pas la différence entre réalité et imaginaire, qu’il n’a ni notion de temps, ni notion d’espace. Pour lui une pensée est une information, et quelle que soit la réalité, il la traite sans prise de recul.
A chaque information qui se présente à notre esprit, selon l’interprétation que nous lui avons attribuée, notre cerveau active notre corps en conséquence. Notre système nerveux primitif est mis en marche.
Voilà peut-être donc maintenant des mois, des années que nous portons notre attention sur les mêmes personnes et les mêmes choses, de la même façon, générant les mêmes réactions hormonales et physiologiques, en nous. Chaque jour, notre corps reçoit ainsi sa dose quotidienne de colère, par exemple.
C’est-à-dire, plusieurs fois par jour, 7 jours par semaine, depuis des années…
Observons qu’alors, il suffit de voir 1 mail ou 1 cheveu sur le lavabo et, hop, nous voici embarqué, enflammé !
Et il y a fort à parier que, même si vous changiez de travail ou de partenaire, au bout de quelques temps, une fois la « lune de miel passée », vous vous mettiez à remarquer toutes les choses qui vous énervent, ici, pour nourrir votre besoin inconscient de colère que réclame, en quelque sorte, votre chimie intérieure. Ou alors, vous trouveriez d’autres raisons, ailleurs, dans d’autres domaines de vie, pour répondre à votre besoin hormonal de colère dans cet exemple, j’aurais pu tout aussi bien choisir l’anxiété, la critique, la déprime…
J’en ai personnellement fait l’expérience et ai bien pu observer ce phénomène.
Et ce n’est plus l’extérieur qui nous influence avec le temps, mais c’est notre « addiction hormonale » qui nous conduit à rechercher inconsciemment de quoi continuer à l’alimenter ! Notre corps éprouve le puissant besoin de se nourrir de ces substances chimiques familières.
Et si vous souhaitez creuser cette question, je vous renvoie aux travaux du biologiste américain Joe Dispenza, chercheur en neuro-sciences; ou encore à ceux de Bruce Lipton, autre biologiste américain, qui démontre dans son livre « The Biology of Belief » que les croyances contrôlent la biologie humaine plutôt que l’ADN et l’héritage.
Ainsi nos filtres intérieurs conditionnent-ils notre façon de voir et de penser. L’information arrive à notre cerveau qui libère, en conséquence, une certaine chimie intérieure dont nous devenons, au fil du temps, « dépendants ».
Voilà pourquoi il devient difficile de changer sans une bonne motivation. Notre esprit, notre corps nous embarquent automatiquement.
Voilà encore une bonne raison pour laquelle il est important d’ouvrir notre regard, pour mieux nous connaître et reprendre notre pouvoir là où l’on ne s’y attendait peut-être pas… Car, la bonne nouvelle c’est que ce qui s’est fait à notre insu peut être réformé, en conscience, avec une bonne méthode ! 😉