La fête des mères… peut-être, pour certains, une occasion de changer de regard sur leur mère
Fête annuelle oblige, ce 26 mai vous allez sans doute penser un peu plus à elle. Moi aussi 🙂 Peut-être même avez-vous réfléchi à lui offrir un cadeau qui lui plaise ?…
Mais est-on obligé d’aimer sa mère ?
Certains ont beau lui en vouloir beaucoup, parfois la détester, rares sont ceux qui s’autorisent à l’avouer et même à se l’avouer tout court.
La mère reste une icône, bien souvent intouchable et sacrée.
« Je n’aime pas ma mère ! », très peu osent le dire bien que ce soit pourtant leur réalité… Ces mots sont trop violents et le tabou encore trop fort ! Pourtant, c’est une chose plus fréquente qu’on ne le pense. Et nombre d’entre nous entretiennent alors plutôt des rapports de politesse, une apparence de relation normale, même si c’est souvent tendu et douloureux…
Quand l’enfant est tout petit, sa maman est son « Dieu », l’être tout puissant capable de subvenir à tous ses besoins et de le protéger.
Mais lorsqu’il se rend compte qu’elle est imparfaite et dysfonctionnelle, le choc peut être brutal !
Plus la relation est mauvaise, plus l’impact est violent et génère parfois un ressentiment profond, qui peut confiner à la haine.
Nous avons certainement tous connu des moments de violente colère contre notre mère : parce qu’elle n’a pas satisfait un désir, parce qu’elle nous obligeait à ceci, parce qu’elle nous a déçu/e, blessé/e, ignoré/e, parce qu’elle nous a puni/e …
Et nous nous sommes tous dit, tout bas, dans notre tête, en criant fort : « Je m’en moque, je te déteste ! »
C’est un quasi passage obligé.
Tout va bien si ces moments d’hostilité demeurent ponctuels. En revanche, s’ils s’installent dans la durée, c’est plus problématique.
Or, c’est souvent ce qui se propose lorsque la mère se montre narcissique, dépressive, trop exigeante ou abandonnique…
Dans cette relation fusionnelle par nature, la violence des sentiments est souvent proportionnelle à l’intensité de la fusion d’origine.
Pourtant, très peu sont les enfants qui coupent réellement les ponts avec leur génitrice. Ils refusent de lui en vouloir, préfèrent plutôt se voiler la face ou tentent de lui trouver des excuses. Bon nombre font « comme si…». Comme si tout allait bien et surtout ne pas en parler, pour éviter un conflit qui mènerait à un éventuel point de non-retour…
Apaiser le lien, rarement neutre et souvent tourmenté qui unit un enfant à sa mère n’est pas chose aisée. Car il y a ce sentiment de « dette originelle » qui « enchaîne » à cette personne qui nous a « donné la vie ». Et puis demeure peut-être aussi enfouit l’espoir que les choses finiront par changer, que tout s’arrangera un jour…
Pourtant nous avons le droit, le droit de ne pas aimer notre mère.
C’est la rancune qui est un problème : « la rancune est un caillou dans le cœur », le notre… Un vrai poison intérieur pour qui la nourrit.
Bien sûr, il s’agit aussi d’être vigilant, de faire usage de discernement et de tenir compte de la réalité objective. Car nous avons tous en nous la nostalgie du « parent idéal ». On pense rarement avoir été aimé/e exactement comme il aurait fallu, comme on l’aurait voulu. Et quand l’histoire est particulièrement douloureuse, c’est encore plus compliqué.
Les parents sont là pour nous permettre d’acquérir amour, confiance et sécurité intérieurs, et d’avoir l’autonomie nécessaire pour nous ouvrir à notre vie d’adulte.
Mais des parents eux-mêmes cabossés, parfois très cabossés, peuvent-ils livrer ce qu’ils n’ont pas reçu et pas su conquérir, à une époque où le développement personnel était loin d’être une préoccupation de base ?
Plongeant dans les sagesses antiques, le » développement personnel » a connu une renaissance dans la Californie des années 1960. C’est là qu’ont été mises au point des méthodes psycho-thérapeutiques qui allaient être le tremplin de nouvelles pratiques de transformation de soi. Jusque là, consulter un thérapeute, un coach ou un sophrologue pour aller mieux était loin d’être au programme. Seuls les « fous » allaient chez le « psy » !
Tant que nous ne réunirons pas notre mère en une seule et même personne : la mère, l’enfant souffrante qu’elle fût et l’adulte souvent perdue qu’elle est devenue, nous resterons en guerre avec nous-même. En effet, ce que l’on croit de notre passé est fondamental pour notre futur.
Voici quelques pistes pour éloigner colère, conflits, et gagner en tendresse et en compréhension :
- Demandez-vous :
En quoi mon passé m’a-t-il fait grandir ? En quoi les événements, même difficiles et douloureux, m’ont-ils permis d’évoluer, de développer une qualité, une capacité particulière et utile dans ma vie d’aujourd’hui ?
- Nos parents, notre mère, notre père, sont nos « piliers », « nos racines ». Sans eux nous ne serions pas ici. Sans doute pouvons-nous les remercier d’être là.
Certes, nous ne l’avons pas demandé (comme certains me le disent parfois), mais nous pouvons peut-être lâcher et, puisque nous y sommes, profiter, maintenant, du beau de la vie.
- Jouez les détectives et recherchez les marques d’affection qui vous ont été données malgré tout, même petites. Ce seront toujours quelques pépites à mettre dans votre panier.
Il ne s’agit pas bien sûr de tout pardonner, mais d’apprendre à équilibrer nos perceptions, à comprendre davantage – sans pour autant tout accepter – pour s’offrir un vrai cadeau à soi-même : celui de se délivrer d’un poison intérieur.
jour(s): Jean- Claude GREMONT
Vaste sujet, surement parfois controversé, mais l’essentiel est de croire en « La bonne mère », les Marseillais ne me contrediront pas !
jour(s): admin
Bonjour et merci beaucoup pour ce commentaire.
Il me donne l’occasion d’éclaircir un point, car je n’aimerais pas qu’il y ait de méprise.
J’ai écrit en titre : « La fête des mères, une occasion… peut-être, pour certains, une occasion de changer de regard sur leur mère. », pour mieux répondre à la fin par « quelques pistes pour éloigner colère, conflits, et gagner en tendresse et en compréhension ».
Car, en effet, mes propos se veulent ici avant tout constructifs et positifs.
Il ne s’agit pas non plus d’un article sur une question générique correspondant à tous. Mais, de part mon activité professionnelle, je rencontre finalement pas mal de personnes emberlificotées dans leur relation avec leur mère (ou leur père), et qui en souffrent en tant qu’adultes (ou adolescents). C’est à ceux-là que je m’adresse en priorité. Aux autres aussi, pour qu’ils sachent qu’une évidence pour eux, ne l’est pas forcément pour tous.
Je demeure convaincue qu’on ne peut pas se « soigner » si l’on n’accepte pas un « mal » qui nous ronge. Lever le voile, accepter de reconnaître sa réalité, d’être authentique avec soi-même et s’en « donner le droit » est une première étape incontournable, pour ceux qui sont touchés. Alors ensuite peut-on faire le choix, si on le souhaite, et pour soi-même d’abord, de faire évoluer en conscience son regard et, je l’espère un jour, ré-ouvrir peu à peu son cœur.
C’était bien là le but de mon invitation du jour.
Mes propos ne se voulaient donc pas subversifs mais plutôt constructifs en partant de la réalité vécue par nombre d’entre-nous.
Mais peut-être me suis-je montrée un peu trop « choc » au démarrage, et ne suis-je pas encore très à l’aise dans toutes mes expressions 🙂
Quant à la « Bonne Mère », moi c’est celle d’Agde que j’aime bien car j’apprécie beaucoup leur cuisine 😉