Sophrologie et Relations

Apprivoiser la vie

le
20 juillet 2015

Pourquoi Tchaé avait-elle le regard aussi perçant ? Pourquoi voyait-elle les choses ainsi ? Pourquoi était-ce si différent de ce qu’on entendait le plus couramment ?
Nul ne le savait…
Elle-même l’ignorait, mais c’était ainsi…

Au début, elle avait cherché à s’ignorer, inquiète. Déjà enfant, elle s’interrogeait, était-elle une « inadaptée » de la vie ?
Et puis, petit à petit, l’âge aidant, elle s’était rassérénée. Elle s’était apprivoisée à elle-même…

De ses grands yeux amandes, ni vraiment bleus, ni vraiment verts, Tchaé regardait le monde. Ce monde dans lequel elle s’était retrouvée un jour, sans avoir, au moins de souvenir, jamais rien demandé.
Mais elle était là…

Un jour, alors que nous nous promenions, elle me confia :

« Un jour, je n’oublie pas,
Un jour, je vais mourir…
Quand ? Combien de temps cela va-t-il mettre ? Où ?
Je l’ignore,
Dans 40 ans ? 10 ans ? 6 mois ? 1 jour ?…
Qui sait ?…

C’est ainsi
Je n’y puis rien,
Nous sommes tous appelés à « disparaitre » un jour,
Sans savoir ni pourquoi… ni pour où…?

Pas toujours facile à assumer
Mais c’est inéluctable,
Je n’y puis rien !

Saurai-je apprivoiser la vie…?

Alors je me suis demandée ce que je pouvais faire ?
Faire, face à cette certitude, la seule aujourd’hui que je puisse avoir,
Et je me suis alors rappelée
Que la mort n’existe que parce que la Vie existe,
Indissociable…
Que pour adoucir ma mort, je pouvais vivre pleinement ma Vie et profiter de chaque instant
Ne perdre, ou mieux ne gâcher, aucune précieuse goutte de cet élixir que constitue mon existence

Que je pouvais, vivante en cet instant, apprécier pleinement le bleu du ciel, l’odeur des arbres, le parfum d’une fleur, la musique d’une rivière, la fraicheur de l’eau, le goût d’un fruit mûr à souhait, la douceur d’un baiser, la chaleur d’un moment de partage et de tendresse,…
Rien de plus vrai, rien de plus sûr !
Pour le reste ? …
Un simple petit tremblement de terre, un tsunami,… et plus rien n’existe…

Pour autant, l’humanité et la société sont ainsi faites et construites aujourd’hui que je dois travailler pour me nourrir, me loger, me vêtir,…
Travailler ?
Ah oui, j’allais oublier : un jour, je vais mourir…

Alors je peux travailler avec plaisir,
Pour ne pas gâcher ma vie
Faire de mon mieux, donner le meilleur de moi-même
J’ai essayé.
Pour moi, c’est source de satisfaction et de joie

Mais pour autant, dois-je prêter mes qualités à n’importe quoi ?
Me laisser asservir par n’importe qui ?
M’avilir pour servir n’importe quoi ?
Le goût du pouvoir d’autrui
Le goût de l’argent d’autres humains
Le goût de la reconnaissance d’un autre…

Un jour, je vais mourir…

Mais aujourd’hui, je choisis de vivre ! »

Apprivoiser la vie…

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